La vie
connectée, fantasme des gourous du transhumanisme et de l’intelligence
numérique du vivre-ensemble ou promesse d’un futur meilleur au travers
d’une data respectueuse de notre vie privée ? Tout un débat n’est-ce pas
! INfluencia et Dentsu Aegis ont alimenté la discussion au Cristal
Festival. Debrief d'une belle conférence !
Entre l’Homme et la technologie, le rapport a toujours été paradoxal, masochiste, anxiogène, fantasmatique et utopique. Dans la Silicon Valley,
berceau de la révolution libertarienne du tout technologique
data-dépendant, les géants du web sont persuadés qu’en faisant du monde
un village interconnecté, ils le rendent meilleur. Le paradigme louant
le 2.0 sauveur de l’humanité casse toutes les frontières. Dans une
époque où le label smart deviendrait presque le seul sceau du partage et
de l’interaction entre les marques et les consommateurs, la technologie
connectée fascine et interroge.
Sommes-nous prêts à définir nos lignes
rouges d’acceptation et découvrir l’inconscient de nos émotions ?
Devons-nous avoir peur de l’intelligence artificielle ? Savons-nous
comment un jour le big data servira notre quotidien ? Nous
adapterons-nous aux nouvelles grammaires numériques de nos vies ?
Accepterons-nous de considérer que la technologie ne nous rend pas
meilleur et qu’il sera bientôt essentiel de comprendre la finalité de
son utilisation ? Pour tenter de débroussailler nos certitudes et doutes
dans ce lacis de questions, Dentsu Aegis et INfluencia ont consacré deux heures de conférence à la vie connectée, vendredi 12 décembre au Cristal Festival.
Pour les marques, les agences et les marketeurs venus essayer de comprendre comment savoir qui est vraiment le consommateur, Kei Shimada, responsable de l’innovation chez Dentsu,
a présenté les nouvelles frontières de notre inconscient dans notre
communication non verbale. Pour sonder la face cachée de l’iceberg
visible de notre conscient, la neuro-technologie reste pour l’instant un
nec plus ultra en phase encore post expérimentale. Commercialisé pour
100 euros le capteur Mindwave Mobile représente un de ces outils que le
consommateur doit d’abord accepter de porter pour qu’il permette aux
marques de puiser dans les données de leur inconscient. Comme l’a
rappelé le directeur adjoint de Dentsu Benoît Régent, « la technologie n’est jamais le problème. C’est son acceptation qui peut en être un. »
Le code, la nouvelle grammaire de nos vies
Que ce soit le capteur d’émotions Necomimi, lancé en 2012 par Dentsu, ou Umood le détecteur d’humeur d’Uniqlo
pour une meilleure customisation du produit acheté, la problématique
reste la même pour le réseau japonais, comme tous les acteurs de la
neuro-technologie : les consommateurs ont-ils vraiment envie de
comprendre leurs nouvelles frontières et d’offrir leur inconscient sur
un plateau à des marques en quête d’un nouvel engagement encore plus
pertinent ? L’apologie de la technologie comme compagnon essentiel d’un
meilleur quotidien n’atteint-elle pas là les limites de sa crédibilité
immédiate ?
Ces interrogations légitimes, David Dufour et Alban Clochet les subissent moins. Dans leur angélisme digital, le directeur marketing grand public de Microsoft et le co-fondateur de LabCity veulent bien admettre les limites de l’évangélisme du tout-technologie. « Le numérique n’est pas un gage de succès ni la garantie d’un meilleur enseignement », a confié David Dufour en fin de présentation. Entre l’éveil au code, « la nouvelle grammaire de nos vies
», pour décoder le monde, une meilleure égalité des chances et la
formation présente aux métiers du futur (65% des enfants scolarisés
aujourd’hui feront demain un métier qui n’existe pas actuellement, dixit
le ministère du travail des Etats-Unis), les enjeux sociétaux de
l’éducation digitale sont primordiaux.
Santé et éducation, même problématique
Mais sur le papier, enseigner par les
nouvelles technologies offre trois avantages, détaille-t-il : le passage
de la standardisation à la personnalisation, celui de l’ennui à la
participation – notamment par le gaming – et la transformation d’une salle de classe lambda en conférence des Nations-Unies grâce entre autres à une platefome comme Skype Translation. Un citoyen connecté plus acteur que spectateur, le co-fondateur de LabCity en
a également parlé en traitant lui de la santé connectée, un marché qui
notamment aux Etats-Unis est en train de réinventer la perception et la
régulation de l’Homme avec ses propres données biologiques.
« La santé connectée ce n’est pas
forcément moins de visites chez le docteur mais plutôt des visites plus
qualifiées et plus efficaces. Pourquoi ? Parce que le médecin sera
capable de prescrire un meilleur traitement en utilisant les données que
le patient lui présentera », explique Alban Clochet. La sécurisation des données, c’est la clef pour établir cette meilleure transparence dans les rapports entre soignant et soigné.
» Avec 20% de taux de pénétration et une population française qui à 80%
craint le big data, la pertinence et la nécessité de l’utilisation des
objets connectés ne se démocratise pas encore en Hexagone. Même quand
ils sont soi-disant utiles pour notre santé.
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