Face aux nouveaux conquérants
(Apple, Google ou autres FinTech), les géants du secteur bancaire vont
devoir revoir leur stratégie et affiner leurs liens avec leurs clients
tout en baissant leurs tarifs pour rester compétitifs.
Au cours de l’année 2015, les grandes banques européennes ont
continué à investir dans la modernisation de leurs infrastructures et se
sont employées à délivrer des services par canaux numériques. Mais,
alors qu’elles se battent sur plusieurs fronts, la concurrence
s’intensifie, et la menace représentée par les startups FinTech, les
challengers numériques et les géants de la technologie n’est pas près de
disparaître. Dans le même temps, la série d’innovations qui touche le
secteur offre un certain nombre d'opportunités aux acteurs capables
d’évoluer rapidement. L’exemple de la technologie blockchain est
certainement le plus bel exemple de l’année 2015. Alors, comment va
évoluer le paysage technologique du secteur bancaire en 2016 ?
Une pression accrue des géants de la technologie
C’est un secret pour personne : l’une des préoccupations majeures des
grandes institutions bancaires est de voir leurs parts de marché
avalées par des géants technologiques comme Apple, Google, Facebook et
Amazon. Et il faut s’attendre à ce que ces mastodontes de l'Internet
utilisent leur énorme base de consommateurs et fassent de nouvelles
percées dans les paiements numériques l'année prochaine. En 2015, Apple a
lancé son service de paiement mobile Apple Pay, et d'autres, comme
Samsung, sont prêts à entrer sur ce marché avec des offres similaires.
Si Barclays possède déjà son propre portefeuille digital Pingit, il
sera intéressant de voir si d'autres banques tenteront aussi leur chance
sur ce marché, ou si elles laisseront la voie libre aux grandes
entreprises de haute technologie. « Les banques sont préoccupées par
l’arrivée de gros écosystèmes comme Google, Facebook, Apple, et
d’autres, et elles se demandent dans quelle mesure ils vont les
remplacer », explique Alessandro Hatami, ancien directeur de
l'innovation et des paiements numériques de la banque anglaise Lloyds.
« Les clients sont déjà utilisateurs de ces environnements. Si ces
géants technologiques commencent à proposer des services financiers à
leurs propres bases de clients, ils pourraient les éloigner des
banques ».
Mais selon Philippe Gelis, CEO de Kantox, une plateforme de change
P2P pour l’entreprise, « il y a peu de chance que ces géants de la
technologie deviennent des banques. Cependant, ils sont mieux placés
pour développer des solutions technologiques conviviales de front-end
qui répondent aux demandes des consommateurs, et offrir par exemple des
solutions de paiements électroniques et des services financiers plus
transparents ». Ces challengers numériques vont sûrement accroître la
pression sur les opérateurs britanniques en titre. Mais, il est peu
probable que des challengers apparus cette année sur le marché sonnent
le glas des grandes banques européennes, surtout quand on voit la
lenteur avec laquelle s’effectue le basculement vers un service lancé en
2013. Mais en basant dès le départ leurs offres autour de services
numériques, des acteurs comme Starling, Mondo, Atom, et plus récemment
Tandem, peuvent représenter une alternative intéressante qui pourrait
remodeler le paysage bancaire. On verra en 2016 si ces challengers sont
capables de s’emparer de certains marchés détenus par les banques
pendant qu’elles continueront à améliorer leurs infrastructures
existantes.
L’émergence des technologies blockchain et Bitcoin
En 2015, blockchain - la technologie distribuée qui sous-tend la cryptomonnaie numérique Bitcoin - a suscité un énorme intérêt et
dans la mesure où le nombre d’adeptes augmente, l’engouement pour
blockchain devrait se poursuivre en 2016. Un grand nombre de banques
cherchent déjà à intégrer des applications blockchain à leur activité et
des vendeurs IT comme Microsoft les aident à créer des solutions
opérationnelles. Parallèlement, un écosystème croissant de startups
pousse la technologie, certains estimant même qu'elle peut aussi avoir
des applications en dehors du secteur strictement financier.
Selon Jeremy Millar, associé chez Magister Advisors, un cabinet de
conseil financier pour les grandes entreprises FinTech, l'année
prochaine, au moins cinq entreprises Bitcoin et blockchain valorisées à
plus de 1 milliard de dollars verront le jour. « Ces valorisations
seront acquises par la vente de produits et de services à la plus grande
et à la plus rentable industrie mondiale, et non pas en subventionnant
des services aux consommateurs pour encourager l’adoption ou pour
accroître et rentabiliser une base utilisateur avec de la publicité ».
Ajoutant : « Ces nouvelles entreprises auront une valeur durable réelle.
Ce ne sont pas des créatures imaginaires qui disparaîtront quand leur
valorisation, basée comme il se doit, sur l'imagination, s’effondrera ».
Le secteur de la finance va profiter des atouts de l'Internet des objets
La banque/assurance n’est peut-être pas le premier secteur auquel on
pense quand on parle de l'Internet des Objets (IoT). Mais, comme le fait
remarquer un rapport de Deloitte, l'explosion des appareils connectés à
Internet va améliorer la qualité des données pour la prise de
décisions. La collecte de données sur les véhicules pour le secteur de
l’assurance automobile et les systèmes « intelligents » de gestion des
biens immobiliers sont parmi les exemples les plus évidents. Mais
l'utilisation de capteurs pour surveiller certaines activités de
l’industrie agricole ou manufacturière pourrait faciliter des décisions
d'investissement ou de prêt. Selon Mike Laven, CEO de Currency Cloud,
l’IoT va permettre à de nouveaux acteurs d’entrer sur ces marchés. « En
associant l’IoT et la finance, on obtient d’un coup une masse énorme de
données. La combinaison devient très intéressante quand on sait
l'utiliser comme levier. Plus spécifiquement, la monétisation de l’usage
de ces données va attirer de nouveaux entrepreneurs FinTech en 2016 ».
Des apps pour les dispositifs portables
Certaines banques avaient déjà testé des apps sur smartwatches, mais
le lancement de l’Apple Watch les a convaincus de l’intérêt de
développer ce type d’applications. Néanmoins, les applications restent
limitées. Mais, selon Balazs Vinnai, directeur général, Digital
Channels, Misys, ce n’est pas le manque d'intérêt des consommateurs pour
ces apps qui fait hésiter les banques à réinvestir dans ce domaine.
« Les banques ont encore des défis à relever en terme de stratégie
numérique. Ce n’est donc pas une surprise si elles sont peu nombreuses à
développer des apps pour les dispositifs portables ».
D’après un rapport récent, 96 % des professionnels de la banque
interrogés par la FinTech pensent que la technologie portable aura un
impact sur leur industrie, mais seulement 15 % ont commencé leurs
propres déploiements. Néanmoins, la majorité d’entre eux prévoit un
déploiement dans les deux à trois prochaines années. « Dans le cadre
d'une stratégie intégrée, il est essentiel pour les banques d’envisager
l’usage de nouveaux canaux numériques et de passer à la banque numérique
de seconde génération : le numérique ne doit pas être limité à un rôle
de soutien, il doit devenir le premier canal de ventes et de
communication pour les banques », a déclaré Balazs Vinnai. « Repenser
les processus autour du client n’est pas facile, mais pour rester
compétitives et pertinentes, les banques doivent adopter les
technologies numériques qui s’appliquent à leur secteur ».
source : http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-comment-les-technologies-vont-bouleverser-la-banque-en-2016-63393.html
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