Accéder au contenu principal

Faille informatique « Heartbleed » : les leçons à tirer

La faille informatique baptisée Heartbleed est maintenant réparée. Mais les entreprises ont beaucoup à apprendre de ce malheureux épisode. La confidentialité des données de leurs clients a été mise en danger.

L’hémorragie est arrêtée. Entre mars 2012 et le 7 avril 2014, la faille informatique Heartbleed (« coeur qui saigne », en anglais) a concerné un très grand nombre de sites Internet, des réseaux sociaux en passant par les banques en ligne et les plates-formes de e-commerce. Le comble est que le danger provient justement du système chargé de sécuriser l’accès aux services sensibles comme le paiement en ligne...

L’alerte n’intervient que dans les premiers jours d’avril 2014 . Jusqu’ici personne n’avaient constaté de péril. Le risque : des cyber-criminels pouvaient facilement retrouver les informations personnelles d’internautes utilisateurs de ces sites, dans la mémoire des serveurs informatiques. Noms et mots de passe en premier lieu. Quelques jours après la découverte du problème, un correctif est publié pour panser la plaie. Il s’agit de réviser le code-source d’OpenSSL. Aux directions des services informatiques d’appliquer ce « patch » sur les sites des entreprises. OpenSSL est une boite à outils de cryptographie, développée par des bénévoles et très largement utilisée par les professionnels. 

Quelques sites Internet se sont d’ores et déjà déclarés victimes de la faille Heartbleed ( notamment le site de la sécurité sociale canadienne ). La liste n’est sûrement pas close. De prochaines découvertes de fuites de données trouveront probablement leur origine dans ce loupé de la sécurité informatique. Mais les entreprises qui ont intégré OpenSSL sur leurs sites peuvent déjà retenir de premières leçons de cet épisode.
Les entreprises n’ont pas su repérer Heartbleed par elles-mêmes

Heartbleed pointe l’impuissance des grands groupes à surveiller leurs infrastructures techniques et à détecter les attaques. En deux ans, aucune d’entre elles ne s’est rendue compte du bug présent dans le système qu’elles utilisaient et qu’elles proposaient à leurs propres clients. « Les entreprises sont consommatrices de technologie, elles ne sont pas expertes en sécurité informatique », souligne Thierry Karsenti, directeur technique Europe de Check Point Security. Des tests d’intrusions ont-ils été menés ? « Oui, répond Yogi Chandiramani, directeur Europe de FireEye, mais il s’agissait de trouver une aiguille dans une botte de foin ».
Les entreprises utilisent OpenSSL sans le savoir

Pire encore, Heartbleed montre que les entreprises ne connaissent pas toujours précisément l’architecture de leur système d’information. Il a fallu plus d’une dizaine de jours à certaines pour faire l’inventaire des serveurs qu’elles utilisent. A leur décharge, les DSI ont parfois la charge de plusieurs centaines d’applications, dans le monde entier. « Il faut maintenant sécuriser tous les serveurs critiques, ceux des sites tournés vers l’extérieur de l’entreprise mais aussi ceux qui permettent aux collaborateurs de se connecter aux outils internes et ceux permettant d’administrer le système informatique », alerte Yogi Chandiramani. Sans oublier les serveurs des partenaires externes connectés à l’entreprise grâce au cloud computing. La Cnil rappelle qu’il est légalement obligatoire de corriger une telle faille de sécurité . 

Heartbleed, un accro à l’open-source

Le débat entre soutien du logiciel libre (GNU) et défenseur du logiciel propriétaire (Microsoft) est ancien. Heartbleed remet de l’eau au moulin en faveur des licences restrictives. Jusqu’ici, l’open-source était réputé plus sûr car testé par une large communauté. « Heartbleed a permis de se rendre compte qu’une grave faille sur un logiciel open-source peut exister et avoir des conséquences graves», note Yogi Chandiramani. Les logiciels développés sous licence open-source peuvent être étudiés de près puisque leurs codes informatiques sont publics. Sans renier tous les avantages du travail collaboratif induit par l’open-source, « l’excès de transparence permet à de mauvaises paires d’yeux de repérer les failles », affirme Thierry Karsenti. Les défenseurs de l’open-source remarquent que les entreprises utilisent des logiciels libres sans jamais contribuer à leur développement, y compris en ce qui concerne les questions de sécurité.

source : http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0203460392162-faille-informatique-heartbleed-les-lecons-a-tirer-666677.php 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Juniper met en garde contre la présence de code-espion dans ses pare-feu

Quelques mois après les révélations d'Edward Snowden, Juniper signale la présence de code-espion, une back door, dans ses firewalls. Hier, le fabricant d'équipements réseaux Juniper a fait savoir qu'il avait trouvé du code suspect dans certains modèles de pare-feu de la marque. Cette découverte inquiétante semble faire écho aux soupçons de piratage des firewalls de Juniper par la NSA avec une back door, dont il était fait mention dans les documents fuités par Edward Snowden. Les produits affectés tournent avec ScreenOS, l'un des systèmes d'exploitation de Juniper, fonctionnant sur une série d’appliances utilisées comme pare-feu et comme support pour le VPN. Selon l’avis publié par l’équipementier, les versions 6.2.0r15 à 6.2.0r18 et 6.3.0r12 à 6.3.0r20 de ScreenOS sont vulnérables. « Le code non autorisé a été découvert pendant un audit récent mené en interne », a expliqué Bob Worrall, le CIO de Juniper. Mais le fabricant n'a pas don...

67% des applications Android gratuites les plus populaires seraient vulnérables aux attaques MITM

Les chercheurs en sécurité de FireEye ont publié ce jeudi une étude sur les applications du Google Play Store. Ils en ont conclu que la majorité des applications les plus populaires présentaient des failles SSL et étaient susceptibles de subir des attaques type Man-in-the-Middle (MITM). Ces chercheurs ont analysé les 1000 applications gratuites les plus téléchargées du Play Store. Ils y ont cherché trois vulnérabilités SSL précises et ont découvert que sur cet échantillon, 674 applications présentaient au moins l'une des trois failles. Mauvaise utilisation des bibliothèques SSL  Un risque important, puisque ce type d'attaque permet potentiellement de récupérer un nombre extensif de données : identifiants et mots de passe, emails, ID de l'appareil, géolocalisation, photos, vidéos... Sans compter qu'un attaquant pourrait injecter un code malicieux dans ces applications, par exemple. Les développeurs seraient bien à l'origine de cette situation, mais i...

Top 10 des virus informatiques les plus dangereux en 2016

Alors que toutes nos données deviennent numériques, les hackers redoublent d’ingéniosité pour développer des virus informatiques toujours plus performants et dangereux. Si vous n’avez pas installé d’anti-virus sur votre ordinateur, ce top 10 des pires virus connus en 2016 devrait finir de vous convaincre de vous équiper… Un virus informatique est un programme autoréplicatif à la base non malveillant, mais aujourd’hui le plus souvent additionné de code malveillant par le pirates informatiques ou “hackers”. Conçu pour se propager à d’autres ordinateurs en s’insérant dans des logiciels légitimes, il peut perturber plus ou moins gravement le fonctionnement de l’ordinateur infecté. Il peut se répandre par tout moyen d’échange de données numériques comme les réseaux informatiques et les cédéroms, les clefs USB, les smartphones… En 2016, les hackers ne manquent pas de créativité et continuent de développer des virus informatiques de plus en plus performants. Ces der...